La tortue – support du monde
Au cœur de nombreux mythes fondateurs qui perdurent encore dans diverses légendes et traditions orales, la tortue représente la terre et porte sur sa carapace tout le poids du monde. Cet animal totémique est omniprésent dans l’environnement scénique du spectacle TOTEM.
Sur la piste de forme oblongue repose le squelette d’une énorme carapace de tortue servant à la fois d’élément scénique et d’appareil acrobatique. Au début du spectacle, cette structure est entièrement recouverte d’une toile sur laquelle on a reproduit la carapace d’une tortue des bois réalisée en macrophotographie. Selon les besoins artistiques du spectacle, le squelette est hissé verticalement à plat jusqu’au sommet du chapiteau ou soulevé vers l’arrière comme une énorme coquille qui s’ouvre.
Un monde organique aux transformations multiples
L’environnement scénique de TOTEM représente un monde organique : un « marécage à images » bordé de roseaux à proximité d’une île (la scène). Le scénographe Carl Fillion a voulu créer des courbes et des formes non linéaires, afin de refléter le monde naturel.
Légèrement incliné vers l’avant, le marécage à images est à la fois une manière d’accéder à la piste et une surface de projection. Ce marécage virtuel devient, par la magie des images, une source, un marais, un lac, un océan, une île volcanique, un étang desséché et une voûte céleste.
Les images qui ont servi à créer les projections de TOTEM sont tirées de la nature et ont été filmées dans différentes contrées du monde, notamment en Islande, à Hawaï et au Guatemala. Même les images de lave en ébullition ont été filmées dans leur contexte réel par le concepteur Pedro Pires
! Un « pont scorpion », qui sert également de plateforme mobile, relie le marécage à la scène. Cette structure à géométrie variable se transforme au fil des tableaux. Dans un numéro clownesque, par exemple, il devient la proue d’un bateau et se redresse pour se transformer en avion, puis en fusée qui décolle. Dans une autre scène, ce même pont fait alors figure de totem.
Tout en acier, le pont scorpion est articulé et mu par un puissant système hydraulique fonctionnant à l’huile minérale. Équipé de huit cylindres, il peut se rallonger, se rétracter et s’enrouler sur lui-même comme la queue d’un scorpion. Le pont scorpion pèse plus de 4 500 kg. Ses surfaces réfléchissantes comme du miroir sont en fait des plaques d’acier inoxydable. La base du pont scorpion abrite des dispositifs d’éclairage, un laser, des haut-parleurs et des caméras. Durant le spectacle, le pont est surveillé par un opérateur à l’aide de quatre caméras infrarouges.
Quelques faits
- Le bord de scène évoque le plastron (ou ventre) d’une tortue. Les dessins sur la surface de la scène elle-même sont un collage d’images dessinées à la main et inspirées des motifs apparaissant sur le plastron de diverses tortues.
- Bordant le marécage en arrière-scène, des roseaux servent à dissimuler les artistes et certains éléments scéniques avant leur entrée en scène, en plus de servir de surface de projection. Pour des raisons de poids et de facilité d’entreposage durant les déplacements de la tournée, les roseaux sont des éléments gonflables.
- Durant le numéro du trio d’anneaux, le pont scorpion se transforme en un tapis indien se déroulant sur la plage afin d’évoquer l’esthétique bollywoodienne dont s’inspire ce tableau.
- Certaines projections sur le marécage interagissent en temps réel avec les mouvements des artistes. Des caméras infrarouges situées au-dessus de la scène et près du marécage détectent les déplacements des artistes et produisent en direct des effets de cinétique tels que des ondulations, des éclaboussures, des reflets dans l’eau et des flammes.
- Dans le numéro final de barres russes où les cosmonautes tentent de s’arracher à la gravité terrestre, on a intégré aux projections des photographies prises par Guy Laliberté lors de sa Mission sociale et poétique à bord de la Station spatiale internationale, à l’automne 2009.
Équipement acrobatique
- Le squelette de la tortue pèse environ 1 225 kg, inclut deux barres horizontales et est complètement recouvert d’un fini antidérapant.
- Les monocycles font un peu plus de deux mètres en hauteur. Étant toutefois fort légers, ils sont ainsi faciles à manipuler dans la rampe d’accès à la scène, au début du numéro.
- Les perches sont faites de duralumin, un alliage utilisé dans l’aéronautique. La plus grande fait près de 10 mètres de haut.